Cancer de l’estomac : les nouveaux traitements 2011

7.9.11

On a fait des progrès dans la prévention et les traitements du cancer de l’estomac.
Pourtant ce cancer reste une réelle épreuve pour ceux qui en souffrent, et bien sûr pour les proches.

Même si le cancer de l’estomac est moins fréquent qu’autrefois, on diagnostique, en France, près de 7 000 nouveaux cas par an.

On vous a découvert un cancer de l'estomac il y a trois ans, comment cela a-t-il débuté ?
J’ai toujours eu l’estomac solide. Jamais eu de problème particulier. Cela a commencé pendant les vacances. J’étais avec ma petite fille, en Normandie. J’étais très contente et tout allait bien. Je me souviens que j’ai eu une indigestion, mais je ne me suis pas inquiétée. Sauf que ça a continué. Dès que je mangeais certaines choses, je vomissais. La viande, par exemple. Moi qui ai toujours adoré un bon steak, ça me donnait la nausée. Comme une sorte de dégoût. Cela a duré plusieurs mois, sans que je m’inquiète trop. Je suis allée consulter mon médecin. Il m’a donné un petit traitement, car j’avais des remontées acides. Mais je me suis mise à maigrir et les nausées ne passaient pas. Alors je suis allée chez un gastro-entérologue. Il m’a fait faire des examens, une endoscopie, pour voir. Et c’est là qu’on a découvert que j’avais un cancer de l’estomac.

Quel traitement vous a-t-on proposé ?
J’ai d’abord dû faire trois mois de chimio. Ensuite, j’ai été opérée. On a dû retirer une bonne partie de mon estomac. Puis, encore trois mois de chimio. Cela a été très dur pour moi. Très fatigant. Je sais que le cancer de l’estomac est un cancer dont on peut mourir et j’ai eu très peur. J’ai eu la chance que le cancer n’ait pas été trop envahissant. J’ai pu être opérée. Mais ça n’a pas été une partie de plaisir. Et j’avais tellement peur, que je me sentais très déprimée. J’ai vraiment eu peur de ne pas m’en sortir.
 
Comment allez-vous, maintenant ?
J’ai repris des forces. Je mange normalement. Enfin, presque. Je dois fractionner mes repas. Mon estomac est plus petit et il est vite rempli. Je dois manger plusieurs fois par jour, en plus petite quantité. Mais, je mange de tout. Je ne suis pas un régime particulier. D’ailleurs, ce qui est injuste, est que j’ai toujours fait attention à manger équilibré. Je n’ai jamais été une grosse mangeuse. Je n’ai jamais bu d’alcool et je n’ai jamais fumé. Je me sens parfois un peu ballonnée quand je mange un peu trop. Mais, c’est tout. C’est dans la tête que ça ne va pas bien. J’ai toujours très peur. Je surveille tout le temps ce qui se passe dans mon ventre. J’ai tellement peur que ça recommence...
On connaît désormais la cause de la plupart des cancers de l’estomac. Il s’agit d’une bactérie : Helicobacter pylori. Une bactérie responsable des gastrites chroniques, de certains ulcères gastriques et duodénaux, et responsable également d’un bon nombre de cancers de l’estomac.

Il s’agit d’une découverte de la plus haute importance faite il y a déjà quelques années, puisque c’est la première fois qu’une bactérie est directement impliquée dans la genèse d’un cancer. Et cela, avec le même niveau de certitude que l’incidence du tabac dans le cancer du poumon, ou de l’hépatite virale C dans le cancer du foie.
Cela signifie qu’une prévention du cancer de l’estomac est désormais possible par traitement de la bactérie. On peut dire que c’est toute l’approche de la maladie qui est modifiée.

La bactérie responsable

 Helicobacter pylori est une bactérie qui vit dans l’estomac et qui a la particularité d’être la seule bactérie connue à pouvoir vivre dans un milieu très acide.

Son enveloppe hélicoïdale lui permet de se « visser » à la paroi de l’estomac et de s’y installer pour des années, voire toute une vie.

Une fois fixée sur la muqueuse de l’estomac, elle sécrète une enzyme, l’uréase, qui transforme l’urée en ammoniaque et en dioxyde de carbone. L’ammoniaque va partiellement neutraliser l’acidité gastrique (qui sert à digérer les aliments).

L’ammoniaque est toxique pour les cellules qui recouvrent l’estomac et va finir, avec d’autres produits sécrétés par Helicobacter pylori, par endommager la muqueuse et provoquer gastrite, ulcère, voire cancer de l’estomac.
L’infection à Helicobacter pylori est une maladie des mains sales. Cette infection est d’autant plus fréquente dans les pays en voie de développement, où le niveau d’hygiène est plus faible et où la promiscuité est plus importante.

La bactérie se transmet d’homme à homme, par voie orale. La transmission se fait par ingestion de selles ou par voie gastro-orale. On estime que si un enfant n’a pas été infecté par la bactérie après l’âge de 10 ans, il a moins de risques de la contracter plus tard. C’est donc dans la petite enfance que la contamination s’effectue.

Détecter et éliminer la bactérie

Les tests sont simples pour détecter cette bactérie, et les traitements rapides.

> Un test sanguin permet de savoir si la personne a été infectée par la bactérie. On va rechercher les anticorps spécifiques. Le test est fiable pour vérifier l’infection récente ou ancienne avec Helicobacter pylori.

En revanche, il l’est moins pour vérifier que le traitement a été efficace. Tout simplement parce que les anticorps subsistent encore plusieurs mois après le traitement et après l’éradication de la bactérie.
> Un test pulmonaire existe également. On souffle dans une espèce de tube. Le CO2 expiré et marqué au carbone 13 permet de mettre en évidence la bactérie.
> La bactérie peut être détectée par une endoscopie (fibroscopie) gastrique avec biopsies (petits prélèvements). C’est l’examen idéal pour déceler la bactérie, mais aussi d’éventuelles cellules pré-cancéreuses.
C’est bien sûr le médecin qui décide de prescrire un de ces examens, en fonction de vos symptômes, de vos antécédents médicaux, et des antécédents familiaux. Dans tous les cas, lorsque l’un des membres de votre famille proche (père, mère, frère ou sœur) a développé un cancer de l’estomac, vous devrez vous faire dépister en effectuant une fibroscopie pour éventuellement détecter la bactérie en cause. C’est le meilleur moyen d’éviter à votre tour de développer la maladie.
Une fois la bactérie mise en évidence, le traitement est simple : huit jours d’antibiothérapie. Dans la plupart des cas, on associe trois médicaments : deux antibiotiques et un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) pour neutraliser l’acidité gastrique.

 

Le rôle de l'alimentation

 Environ 30% des Français sont infectés par Helicobacter pylori. Mais heureusement, l’infection n’aboutit à un cancer que chez 1% des personnes infectées.
L’
infection par Helicobacter pylori n’est donc pas suffisante à elle seule pour induire un cancer gastrique.
Elle intervient à un stade précoce de la cancérogenèse, associée à d’autres facteurs : agressivité de la bactérie, terrain génétique, mais aussi des facteurs environnementaux type alimentation et tabagisme.

Avant que la bactérie Helicobacter pylori ne soit mise en cause dans la genèse des cancers gastriques, on considérait que la cause principale était liée à l’alimentation. Il est vrai que les facteurs nutritionnels associés à l’infection par Helicobacter pylori sont importants.
> On sait qu’une alimentation trop riche en sel (comme au Japon où la maladie est endémique), en nitrates, en viandes ou poissons fumés, et pauvre en fruits et en légumes, favorise l’apparition du cancer de l’estomac.
> Le tabagisme joue également un rôle important.
> Le niveau socio-économique : le cancer de l’estomac est plus fréquent dans les pays en voie de développement que dans les pays industrialisés

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